Suite à un accident de la circulation et à un traumatisme crânien grave, notre fils Gabriel est maintenant handicapé depuis 5 ans. Il ne peut vivre tout seul et il a besoin d’aide pour de nombreux gestes de la vie quotidienne mais pour autant, comme toute personne de 25 ans, il aspire à une certaine autonomie, même si pour lui, cette autonomie accompagnée nécessite un environnement construit et spécialisé.
Nous avons découvert peu après l’accident que les personnes en situation de handicap sévère ont peu de solutions pour poursuivre leur vie après leur accident.
Rester ou revenir dans le cocon familial pour garder un équilibre affectif :
Cela exige une grande énergie de l’entourage et surtout le risque d’un repli sur soi de toute la famille car le monde des valides autour ne sait pas toujours s’adapter et trouver la bonne attitude.
Intégrer une structure spécialisée pour accueillir les personnes cérébrolésées :
Lorsque l’on a la chance de trouver une place en établissement spécialisé, cela soulage la famille d’un point de vue pratique mais l’équilibre affectif reste difficile à trouver
Puis un jour, un expert de notre compagnie d’assurance nous a parlé d’un partenariat entre un groupement d’assurances (COVEA) et l’Association des Familles des Traumatisés crâniens et Cérébrolésés d’Alsace (AFTC Alsace). Il nous a mis en relation avec cette association.
C’est là que nous avons découvert la troisième solution : des personnes handicapées vivent en colocation à 4 ou 5, dans des maisons spécialement réhabilitées, insérées dans des quartiers d’habitation.
En mutualisant leurs aides humaines et en groupant ainsi les temps d’aide accordés à chacun d’eux, ils peuvent bénéficier d’une présence d’auxiliaires de vie, 24 h sur 24h, mais également d’un suivi médicosocial spécialisé. Ils vivent presque comme tout le monde dans leur maison. Ils organisent eux-mêmes leur journée avec l’aide de leurs AVS, se lèvent à l’heure qu’ils veulent en fonction de leurs activités.
Ils disposent d’une cuisine et d’un salon/salle à manger vaste, avec une grande terrasse extérieure. Ils ont chacun leur chambre privative qu’ils aménagent selon leurs goûts. La maison a été entièrement réhabilitée pour être accessible aux locataires, quelque soit leur niveau de handicap.
Depuis le 1er décembre 2011, notre fils Gabriel habite à Strasbourg. Maintenant, il n’habite plus chez ses parents mais en colocation comme de nombreux jeunes de son âge. Il a un bail de location.
Ce mode de vie convient à notre fils, et quand Jean Ruch, président de l’AFTC, a lancé l’idée de créer une Foncière pour acheter d’autres appartements qui seront ensuite loué à des personnes lourdement handicapées, cette idée nous a plu.
En contribuant au capital de Familles Solidaires, nous permettrons à d’autres personnes de prendre, autant qu’elles le peuvent, leur vie en main. Finalement en se regroupant, nous pouvons nous aussi investir dans des logements qui permettront à d’autres personnes handicapées de s’épanouir.