L’été n’efface pas les besoins des personnes fragilisées, mais il transforme le rythme des journées qui, dans un habitat inclusif, suppose une certaine capacité d’adaptation pour préserver la vie sociale et partagée notamment. Vacances, départ en congés de l’animatrice, voyage organisé entre colocataires ou retour en famille, comment s’organisent les congés en habitat inclusif ? Inès et Angelica, animatrices coordinatrices chez Familles Solidaires, nous éclairent sur l’organisation de la période estivale.

Une anticipation indispensable
Les animations régulières peuvent être suspendues ou adaptées (chaleur, fermetures estivales, absences…), selon les envies et les énergies du moment. Durant les congés payés de l’animateur coordinateur, certaines activités continuent, portées par des bénévoles, des auxiliaires de vie ou relayées par des intervenants extérieurs. Angelica nous explique que durant ces 3 semaines d’absence, l’animation de la vie partagée reposera notamment sur les bénévoles qui interviendront pour des ateliers cuisine ou sur des prestataires externes pour des animations musicales ou bien être. L’objectif : garantir une continuité d’accompagnement, même avec une présence réduite.
Avant de partir en congés, Angelica tient à organiser la désormais traditionnelle « fête de l’été », ouverte aux habitants du village. Une belle manière de lancer la saison sur une note festive… et peut-être de susciter de nouvelles envies d’engagement parmi les bénévoles pour les activités à venir sur la période estivale.







Le lien social, même à distance
Afin de maintenir une dynamique collective et faciliter le retour de vacances, les locataires qui partent en vacances peuvent rester en lien avec le reste des habitants via des appels, des messages ou des groupes de discussion. Inès nous précise qu’il faut tout de même rester vigilant à l’égard des habitants qui ne partent pas faute de moyens ou parce qu’ils ont très peu de famille. Cela peut parfois entrainer un sentiment d’isolement et créer des incidences sur la dynamique de groupe.
Les aides humaines en période estivale : un défi concret
L’un des ajustements les plus techniques concerne la mutualisation des aides humaines, notamment lorsque des locataires partent plusieurs semaines.
Prenons un exemple concret :
Baptiste, colocataire en situation de handicap, bénéficie de la PCH et mutualise ses heures d’aide humaine avec les autres habitants. Cet été, il part en vacances dans sa famille pendant un mois et demi.
Puisqu’il n’est pas à la colocation pendant cette période, ses heures d’aide humaine sont retirées de la mise en commun. Cela implique un réajustement de l’organisation, à la fois pour le nombre d’intervenants présents, les plannings et le budget global.
Ce que ça change sur le terrain :
- Le prestataire d’aide humaine adapte ses interventions : moins d’heures sont mobilisées, ce qui peut impacter les autres colocataires.
- Parfois, il faut rediscuter avec les familles, le conseil des habitants ou toute autre instance de régulation pour trouver des solutions transitoires.
L’astuce terrain : certains habitats inclusifs s’appuient sur des conventions souples avec les prestataires d’aide humaine, permettant d’ajuster mois par mois en fonction des absences prévues. Cela évite les blocages et permet plus de réactivité.

Les vacances sont aussi une question d’autodétermination !
La question des vacances en habitat inclusif c’est aussi la possibilité d’ouvrir un espace d’autodétermination, permettre à chacun de rêver, choisir, et vivre des expériences qui sortent du quotidien. Pourtant, les freins sont nombreux : des budgets souvent contraints, des aides limitées ou mal adaptées, un reste à charge élevé pour les habitants et leurs familles, et une organisation complexe pour garantir à la fois sécurité, accessibilité, accompagnement et liberté.
Les freins tiennent aussi aux représentations parfois tenaces de certains professionnels ou proches, qui doutent parfois de la capacité des habitants à faire des choix, à exprimer des envies ou à porter des projets personnels.
Un projet de vacances collectif ?
Parfois, partir en vacances tous ensemble est l’expression d’un projet commun. Par exemple, pour les habitants d’Illkirch, Inès nous précise que le projet de vacances de l’année passée avait eu pour objectif d’être tous réunis, de s’amuser, se reposer et découvrir ses colocataires dans un autre contexte que le quotidien « domestique ». Il peut néanmoins y avoir plusieurs freins : économique notamment car les habitants ont du eux même financer le séjour mais aussi organisationnel, notamment lorsqu’il y a besoin de la présence des professionnels du soin ou de l’accompagnement.




